vendredi 13 mars 2009

Georg




Soleil d'automne timide et mince,
         
Et les fruits tombent des arbres.
         
Le calme habite des pièces bleues
         
Un long après-midi.


         
Sons de mort du métal ;
         
Et une bête blanche s'effondre.
         
Les chants âpres des filles brunes
         
Se sont dissipés dans la chute des feuilles.

         

Le front rêve les couleurs de Dieu,
         
Sent les ailes douces de la folie.
         
Des ombres sur la colline,
         
Frangées de pourriture noire.

         

Crépuscule plein de calme et de vin ;
         
Ruissellement de guitares tristes.
         
Et vers la douce lampe à l'intérieur
         
Tu t'en retournes comme en rêve.

         

(1912)

Georg Trakl, Crépuscule et déclin
traduction de Marc Petit et Jean-Claude Schneider




(Les poèmes de Trakl forment comme un seul poème, chaque partie est le reflet du tout, un état de sa décomposition ou une fraction de son prisme, un petit nombre de mots et d'images y circulent comme du sang sous une poussée de fièvre, à la fois fouaillant la plaie qui la cause et l'apaisant, glacés et fervents qu'ils sont, comme des vitraux, dont ils ont aussi les couleurs pures.)



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