samedi 14 mars 2009
Virale tautologique
« Tu n’as déjà plus toute ta tête. Il t’en manque. Il te manque quelques milliards de neurones. Tu les perds à vitesse grand V. Ils fuient par quelques orifices cachés. Évacués par les neuf trous de ton corps. À moins que tes cheveux les entraînent avec eux dans leur chute. Chaque cheveu s’enracine dans un neurone, voire dans plusieurs, dans un bulbe, un nid de neurones. Tu prends le plus régulièrement possible des nouvelles de ta calvitie. Elles progressent sensiblement au même rythme, ta calvitie et ton hébétude. Tu finiras chauve et complètement abruti. » (p. 55-56)
« Passé un certain stade de coagulation, plus rien à faire. Impossible de rien penser d’autre que cette unique pensée qui ne fait plus de différence entre rien, consistant dans la formule suivante : 1 = 0 = ∞. C’est une pensée de la pire espèce : une virale tautologique particulièrement contagieuse, une contamination vorace en mesure de réduire la chatoyante diversité du monde en un rondin égal et triste. » (p. 81-82)
Jacques Brou, La grande vacance (Léo Scheer, 2002)
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