mardi 29 décembre 2015

Lectures 2015





Pas beaucoup lu cette année, et d’ailleurs je me sens plus bête que d’habitude. Mais d’une part l’année n’a pas ménagé ses efforts pour être abrutissante, et d’autre part j’ai pas mal écrit, pour compenser, je ne dirais pas : quand je n’étais pas stupide, mais quand je l’étais différemment. 

JANVIER 
Michel Houellebecq, Soumission 
Marc Cholodenko, Puis gris que dilue du rose que brûle le bleu 
Claro, Dans la queue le venin 
Philippe Annocque, Vie des hauts plateaux 
Frédéric Berthet, Le retour de Bouvard & Pécuchet 
Frédéric Berhet, Felicidad 
Patricia Tourancheau, La traque de Guy Georges 

FÉVRIER 
Mathieu Lindon, Les hommes tremblent 
Alban Lefranc, L’amour la gueule ouverte (hypothèses sur Maurice Pialat) 
Éric Vuillard, Tristesse de la terre 
Éric Vuillard, Congo 

MARS 
John Ritchie Findlay, Les derniers jours de Thomas De Quincey 
Emmanuelle Pireyre, Féerie générale 
Jérôme Ferrari, Le Principe 
Bernard Quiriny, Monsieur Spleen, notes sur Henri de Régnier 
Arno Schmidt, Goethe et un de ses admirateurs 
Éric Chevillard, Juste ciel 
Bartolomé de Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes 
Julian Barnes, Quand tout est déjà arrivé 
Vincent Almendros, Un été 

AVRIL 
Noémi Lefebvre, L’autoportrait bleu 
Leo Perutz, Le Cavalier suédois 
Philippe Annocque, Mémoires des failles 
Bertrand Belin, Requin 

MAI 
Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non (relu) 
Bernard Quiriny, Histoires assassines 
Jack London, Condamnés à vivre 
Noémi Lefebvre, L’enfance politique 
Emmanuelle Pireyre, Foire internationale 
Emmanuelle Pireyre, Comment faire disparaître la terre ? 
Natsume Sôseki, Le 210e jour 
Gaston de Pawlowski, Voyage au pays de la quatrième dimension 
Mika Biermann, Mikki et le village miniature 
Alain Nadaud, Aux portes des enfers 

JUIN 
Lucien Ganiayre, L’Orage et la Loutre 

JUILLET 
David Foster Wallace, Brefs entretiens avec des hommes hideux 
Samuel Beckett, Murphy (relu) 
Stefan Zweig, Le Combat avec le démon  

OCTOBRE 
Philippe Annocque, Pas Liev 
François Matton, Oreilles Rouges et son maître 
Alban Lefranc, Fassbinder, la mort en fanfare 

NOVEMBRE 
Dennis Cooper, Salopes (relu) 

DÉCEMBRE 
Samuel Beckett, Les Années Godot. Lettres II 
Theodor Fontane, Effi Briest



dimanche 20 décembre 2015

Réalisé sans trucage




Le voyage dans le temps est à consommer sur place ; ce n’est pas un dispositif, mais une disposition. Il suffit de regarder aujourd’hui comme si c’était hier, avec les yeux du souvenir, jamais si clairs ni si honnêtes, ça n’exige pas de se projeter beaucoup. Se dire qu’on fut tandis qu’on est. Quel relief poignant les choses prennent alors ! (Quant à ceux qui vous diront se souvenir du futur, ne les croyez pas. Du passé non plus, d’ailleurs.)



lundi 14 décembre 2015

Trois ans d'ironie






(Mail sobrement triomphal, archives personnelles.)





Petit anniversaire pour se galvaniser. En remontant le fil de mes sauvegardes, je peux dater les trois pages ci-dessous du 15 novembre (de la même année). Je me souviens : je commençais à en voir l’issue, j’écrivais jour et nuit. Pas de mail annonçant que je m’y étais mis, en revanche ; mais je crois me rappeler que c’était le 2 septembre. L’un des meilleurs automnes de ma vie. On attendait déjà, alors, la fin du monde.



[…] il y a si longtemps que j’attends la mort, lui écrivait-il, j’ai depuis si longtemps raclé du violon sous le Vésuve que j’en oublie presque de jouer ; deux jours plus tôt, dans le neuvième arrondissement de Paris, au cinquième et dernier étage du 27 de l’avenue Trudaine, la syphilis ou la vérole, encore elle, avait raison d’Emmanuel Chabrier dans sa cinquante-troisième année et ses proches endeuillés, passé l’antichambre tapissée de cors et de chapeaux chinois (instrument à percussion et à clochettes demeuré fameux grâce à un conte cruel de Villiers, Le Secret de l’Ancienne musique, qui imagine soixante-dix ans avant John Cage un solo uniquement constitué de silences, à vingt ans Chabrier avait d’ailleurs donné quelques leçons de piano au créateur d’Axël), sans le moindre regard pour les impressionnistes suspendus dans le couloir, pénétraient dans la chambre du fond pour saluer une dernière fois le compositeur auvergnat (petit et rond comme un Sancho Pança, la barbiche brûlée et le cheveu rare sur le front cireux, l’œil qui flanche) ; ce trépas soulageait tout le monde, depuis longtemps l’auteur de Fisch-Ton-Kan et autres cocasseries avait sombré dans le gâtisme et la paralysie, consternant chaque jour davantage sa femme Alice et ses deux fils, un sommet de pathétique ayant été atteint au surlendemain du précédent Noël à l’occasion de la première de Gwendoline (sa production la plus sérieuse) à l’Opéra de Paris, ç’aurait dû être sa revanche sur une inconcevable guigne, dix ans qu’il attend ça, une vraie première dans sa patrie parmi ses pairs après une création ratée sept années plus tôt à Bruxelles, ayant alors encore toute sa tête et ses yeux pour pleurer, au Théâtre de la Monnaie qui par un sinistre humour belge avait fait brusquement faillite après cinq représentations, dix ans qu’il attend ça sans parler du tragique incendie, l’an qui suivit le fiasco belge, de l’Opéra-Comique où son Roi malgré lui, au programme depuis une semaine, n’avait pu avoir droit qu’à deux exécutions (la faute à l’éclairage au gaz, bilan : quatre-vingt quatre victimes), dix ans qu’il attend ça et il ne se rend compte de rien, hagard et tremblotant dans une loge de l’avant-scène, sans pensée et sans force dira son fils André, riant à contretemps et sans raison comme un enfant, applaudissant ses propres wagnérismes comme si, André toujours dixit, se fût jouée l’œuvre d’un autre, marmonnant Tiens, ce n’est pas mal ou encore Très bien d’une voix pâteuse, sourd aux sanglots d’Alice dans l’ombre qui derrière elle font pleurer ses fils, s’endormant sur la balustrade, que les choses viennent trop tard est une loi du désir.  
(p. 112-115)







[L'album de l'ironie et ses 110 dyptiques, pour mémoire]

jeudi 10 décembre 2015

Les Années Godot (morceaux choisis)


Achevé hier le deuxième volume récemment paru des lettres de Samuel Beckett. Vivement le troisième… 


"[…] le paysage ne laisse rien à désirer, la nourriture laisse tout à désirer. […] Ai eu des entretiens prolongés avec les Gendarmes du coin, dans leur caserne à 10 km d'ici. Ai raconté mon histoire presque jour après jour depuis que j'ai mis le pied en France. Ils n'arrivent pas à croire que je puisse m'appeler Samuel et ne pas être juif." 
[Vaucluse, octobre 1942] 



[à Thomas MacGreevy, 4 janvier 1948]


"L'erreur, la faiblesse tout au moins, c'est peut-être de vouloir savoir de quoi on parle. À définir la littérature, à sa satisfaction, même brève, où est le gain, même bref ? De l'armure que tout ça, pour un combat exécrable." 
[à Georges Duthuit, 11 août 1948] 

"Pardonne-moi maintenant et toujours toutes mes stupidités et blancheurs, je ne suis d'un être qu'une toute petite partie, des vestiges se haïssant, des restes d'une vieille envie, quand j'étais petit, d'arrondissement, même à petit rayon. Ça vous enferme toute la vie. Et on pousse en vain vers l'absence de figure. " 
[à Georges Duthuit, 12 août 1948] 



[à Georges Duthuit, 2 mars 1949]


"Il s'agit seulement de s'entendre sur le domaine où l'on ne vaut rien. On ne risque guère d'en exagérer l'étendue." 
[à Georges Duthuit, printemps 1949] 



[à Georges Duthuit, printemps 1950] 


"Pour M[ercier] et C[amier] je suis désolé que vous preniez ça au sérieux. Je ne pourrais vraiment pas supporter que ce texte soit divulgué de mon simili-vivant. Il peut toujours avoir sa place, si vous y tenez, dans un volume à intituler Merdes Posthumes, avec tous les faux départs par exemple (pas à confondre avec les textes pour rien) et ceux à venir (j'en ai déjà un autre en bonne voie). L'idée de Watt déjà m'empourpre jusqu'aux os. Si on le réservait aussi pour les M. P. ?" 
[à Jérôme Lindon, 20 janvier 1954] 

"Si vous avez d'autres questions à me poser comportant des réponses précises, je suis à votre disposition. Mais quant à dire qui je suis, d'où je viens et ce que je fais, tout cela dépasse vraiment ma compétence." 
[à un éditeur allemand, 17 février 1954] 

"Voilà comment va la vie, avec une grande ingratitude pour cette magnifique chose qu'est le fait de pouvoir se lever et quitter sa place, même si c'est seulement pour faire quelques tristes pas." 
[à Pamela Mitchell, 27 août 1954] 




"Je suis très touché par son offre [celle du producteur américain de Godot] de payer mes frais de voyage à New York […] Je ne veux pas dire catégoriquement oui ou non maintenant, insuffisamment empalé sur les cornes du vieux dilemme. Je suppose hélas que ce sera non comme d'habitude. Si je devais seulement donner un coup de main au metteur en scène, sans le gêner ni le laisser me gêner, et être exempté d'interviews, de journalistes, de réponses stupides à des questions stupides et autres misères du même genre, alors j'envisagerais très sérieusement d'y aller. Mais il est évident que je ne peux accepter une offre si généreuse pour ne pas faire ce qu'on attend de moi. S'il y a une chose que je suis incapable de faire c'est parler de mon œuvre, ou l'"expliquer", sauf peut-être en buvant la troisième bouteille avec un ami indulgent."
 
[à Barney Rosset, 12 novembre 1955] 

"Peu de chances, je le crains, que j'écrive mes mémoires. J'ai moins de souvenirs que si j'avais six mois." 
[à un éditeur anglais, 27 février 1956] 

"Ne vous désespérez pas, branchez-vous bien sur le désespoir et chantez-nous ça." 
[à Robert Pinget, 8 mars 1956] 

"Je me sens vieux comme la Maison Usher. L'électrophone répand son baume. Cette semaine nous écoutons la Dichterliebe et la Winterreise. Voilà ce que sont nos transports." 
[à Barney Rosset, 1er août 1956]


 



"Vivement 57, et 67, et 77, après ça ira, sinon avant. […] Laissez-moi vous souhaiter — en homme bien élevé — beaucoup de bonheur dans cette putain d'année qui vient."
[à Jacoba Van Velde, 27 décembre 1956]



lundi 7 décembre 2015

Paradise lost




Hier soir.



Je me souviens, enfant, c’était la fin des années 70, des réunions de section du PCF où me traînaient mes parents, mais j’aimais ça, un petit local qui donnait sur la place de la mairie de Berre l’Étang, alors communiste également, et ce depuis 1945. Tout est plus ou moins marron avec des touches d’orange comme le veut l’époque, orange sans doute était le Tupperware qu’apportait ma mère, poivrons à l’ail ou tramousses, ces réunions de section coïncidant la plupart du temps avec l’heure de l’apéro, autant joindre la révolution à l’agréable. Je n’ai aucun souvenir de ce qu’il s’y disait, seulement d’une atmosphère de camaraderie, d’hommes en blouson de cuir refaisant le monde, tout le monde clopait, des vapeurs grisantes de la ronéo qu’on m’autorisait à faire tourner à l’heure des tracts — rétrospectivement je me représente mon père, qui était quelqu’un d’important dans la cellule, comme un genre de héros prolétaire, une version moustachue de Richard Berry dans Une chambre en ville. Je me souviens de ces petits soirs du Grand Soir, doucement fiévreux, quand il y avait des élections, ils y croyaient, qu’assoupi dans les bras de ma mère sur le trottoir devant le local pendant que mon père tirait le rideau de fer je m’endormais avec confiance sitôt posé sur le siège arrière de la R18 Break : j’étais entre de bonnes mains.



mercredi 2 décembre 2015

Quand la Terre était solide





[Otto Dix, Champ de trous d'obus près de Dontrien, Champagne, 
éclairé par des fusées, 1924]




Autrefois, quand la Terre était solide, je dansais, j'avais confiance. À présent, comment serait-ce possible ? On détache un grain de sable et toute la plage s'effondre, tu sais bien. 

Fatiguée on pèle du cerveau et on sait qu'on pèle, c'est le plus triste.

Quand le malheur tire son fil, comme il découd, comme il découd !

Henri Michaux, "La Ralentie" in L'espace du dedans (1944)

[merci Alban]


jeudi 26 novembre 2015

Da capo





Découvert ce matin ces trois lignes de Nietzsche, écrites quand il avait vingt-sept ans. À la fin, qui n'en est pas une, il est spécifié da capo con malinconia, soit "derechef avec mélancolie". L'éternel retour se compose donc d'une minute en boucle et en fa dièse mineur — ou en la majeur, si vous êtes optimiste : la mélancolie, elle, demeure, indifférente à ces querelles de tonalité, et pour tout dire au-dessus de tout ça.







mardi 24 novembre 2015

Viatique #2





Seul l'instinctif jet survit, qui a dressé une belle musculature des fantômes.  
[Stéphane Mallarmé, Divagations, 1897]



lundi 23 novembre 2015

Viatique #1




J'ai fait mes plus beaux voyages sur des routes mal éclairées. 
[Léon Bloy, L'invendable, 24 octobre 1905]


vendredi 20 novembre 2015

Jours de couardise





Cette nuit j’ai pu dormir plus de trois heures consécutives, expérimentant enfin de nouveau ce bon vieux sommeil réparateur. Jusqu’à présent, j’étais la proie d’une terreur physique certes disproportionnée mais indubitable. J’en avais déjà une petite idée, mais j’ai pu mesurer combien j’étais lâche, ou plutôt, combien mon corps est lâche. Il n’y a pas, dans tout mon corps, le plus petit atome de courage. Du sang prêt à couler, des litres, mais du courage : peau de balle. Mardi, c’était mon anniversaire, je ne voulais rien faire que continuer à m’abrutir de joints et à regarder des séries idiotes afin de ne penser (d’ailleurs avec succès) à rien, mais j’ai finalement consenti à sortir, en début de soirée, pour boire un verre sur une terrasse du cours Julien. J’ai davantage siphonné que siroté ma piña colada (je tressautais au moindre bruit), et cela fait je n’ai eu qu’une envie : rentrer chez nous. Là, la voix d’un expert de la télé, m’exhortant à résister à la tentation du repli sur soi, me parvint déformée par les parois de ma coquille. Il avait raison, fit valoir mon hémisphère gauche, à ce train-là tu finiras dans tes ordures comme la séquestrée de Poitiers, à ce propos je te signale que tu ne t’es pas lavé depuis trois jours, ce n’est pas cette mince couche de crasse qui te protègera des impacts. Ce matin, je suis modérément angoissé et propre.



mardi 17 novembre 2015

L'avant-dernière peur



Soir du 14 novembre. 



Même pas peur, ce sont les enfants qui parlent ainsi, et je ne suis hélas plus un gamin. Encore moins un enfant de la patrie, c’est-à-dire que techniquement je le suis, mais je ne me vois pas pour autant chanter La Marseillaise la main sur cœur, nonobstant la présence attestée de soldats féroces : ce serait grotesque. Or par ce sentiment (ouf, il était moins une) je rejoins la claironnante opinion commune : la vie continue — puisque j’ai encore peur du ridicule.



Courage et peur, deux pôles d'une même maladie consistant à accorder abusivement une signification et une gravité à la vie… C'est le manque d'amertume nonchalante qui des hommes fait des bêtes sectaires : les crimes les plus nuancés comme les plus grossiers sont perpétrés par ceux qui prennent les choses au sérieux. Le dilettante seul n'a pas le goût du sang, lui seul n'est pas un scélérat…  
Emil Cioran, "Les méfaits du courage et de la peur" in Précis de décomposition




mercredi 11 novembre 2015

Retour de la marmotte






Les librairies indépendantes de Marseille et de la région PACA, qui se trouve être la mienne, organisent dès demain et jusqu'à samedi un Automne littéraire dont on trouvera le programme détaillé ici. Le côté pratique de la chose, c'est que la librairie L'histoire de l'œil, où je donnerai une lecture samedi soir, à partir de 18h30, est à dix minutes de chez moi à pied, dans le prolongement de la rue où je succombe ordinairement aux cannoli maison d'un excellent traiteur italien. Je prendrai soin de me munir du DVD d'Un jour sans fin, dont je ferai voir quelques extraits à mes auditeurs rescapés du vendredi 13 et promus du coup au rang de spectateurs. Vous aurez compris qu'il sera question de mon dernier petit ouvrage. Ce moment polyvalent sera suivi d'un apéritif.



dimanche 8 novembre 2015

Aventures du thème


J’avais ce thème en tête depuis quelques jours, il m’asségiait comme toute bonne obsession ; c’était un thème d’Alkan, de cela j’étais sûr, mais je ne me souvenais plus dans quoi. Ce matin je me suis mis à sa recherche. J’ai d’abord pensé à la Symphonie pour piano seul, que je n’avais pas écoutée depuis longtemps. Son premier thème est magnifique, mais ce n’était pas celui qui avait pris ses aises dans mon crâne. J’ai passé en revue le Concerto (pour piano seul également, Alkan n’avait besoin de personne) sans y croire ; il n’y était pas non plus. Finalement je l’ai reconnu en feuilletant la Grande Sonate dite “Les Quatre Âges”. Dans le second mouvement, “30 ans : Quasi-Faust”, il apparaît ainsi pour la première fois : 




Mais il sonnait plus grave dans mon esprit, j’étais obsédé par une autre de ses apparitions. Alkan me facilitait la tâche en assignant à chacune d’entre elles un affect explicite. Si je n’étais pas candide, étais-je passionné ? 





Pas davantage (c'était vexant). Décidément, le thème tel que je l’entendais, tel qu’il m’enchantait, était plus grave. Ce qui me permettait d’écarter au premier coup d’œil : 





Ouf — je n’étais pas du genre implorant. Vous devinez la suite, évidemment, vous connaissez le romantisme comme votre poche. 




Or ce n’était toujours pas ça. J’approchais de la fin et le thème n’avait pas été joué une seule fois à nu dans les basses, comme une liturgie russe et comme mon esprit seul se le représentait : sa dernière incarnation, dans le texte, marquait l’heure d’un happy ending qui ne me concernait pas. Le thème s’était détaché de l’œuvre, d’une certaine façon, pour vivre sa vie dans ma mémoire. 





Mais — était-ce plus facile en 1850 ? — le sentiment qu'il porte est indéfinissable.