vendredi 17 octobre 2014

Vie et mort d'un platane



Mais soudain, patatrac. Ces feuillages, aimables compagnons de mes rêveries par la fenêtre et bienveillants dispensateurs d'ombre, diffuseurs d'ambiance, n'avaient que quelques heures à vivre encore : je me retrouve, comiquement d'ailleurs, nez à nez avec l'élagueur, sans préavis ni lettre. Cela méritait bien une vidéo souvenir.






Musique : Paul Hindemith, Des Todes Tod op. 23a — II : Gottes Tod 
(oui, La Mort de Dieu, carrément)
Ensemble Villa Musica











10 commentaires:

  1. Laisse-moi partager tes pleurs (si, si, je les entends d'ici). J'ai moi-même composé, il y a belle lurette, un requiem (de poche, certes), conséquemment à l'abattage d'un arbre, à Montmartre. "Nous vous informons que cet arbre est mort", disait sobrement l'écriteau disposé sur le moignon de tronc, en lieu et place de ce qui avait été jusque-là une "forme dynamique du monde (G.M. Hopkins). Compassion de même, à Rome, dans les jardins que tu sais, je prenais la peine d'étreindre et parler, chaque soir, aux grands pins dont le sort avait été scellé, car menaçant de chuter par eux-mêmes, disait-on...

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    1. Ah, je suis inconsolable. Le fait est pourtant qu'enfin débarrassé de ces fichus feuillages nous pouvons jouir d'admirables soleils couchants en cinémascope (il faut aimer, pas le choix, ce grand vide qu'il laisse...).

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  2. « Max Ernst peint un jardin. Le tableau achevé, il s'aperçoit qu'il a oublié de peindre un arbre. Il fait immédiatement couper l'arbre » (JB, Fragments). C'est un peu la logique de nos villes, aujourd'hui. Je me souviens de cet arbre tombé et du haiku de K (Avec le vent) - décidément, Didier, t'en as vu des dieux tomber... Condoléances, l'ami. Par ailleurs : tout ce qui est prononçable est mortel ; même le "mot" Dieu.
    Grand bien à toi, Dada (et : merci des mots tangérois, Ambre, touché)

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    1. Salaud de Max Ernst. Tout ce qui est prononçable est mortel ? Appelez-moi désormais Qprfzhvornvgphjdgqkghtttwzz.

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    2. :)

      « Je ne puis combiner une série quelconque de caractères, par exemple :
      dhcmrlchtdj
      que la divine Bibliothèque n’ait déjà prévue, et qui dans quelqu’une de ses langues secrètes ne renferme une signification terrible. Personne ne peut articuler une syllabe qui ne soit pleine de tendresses et de terreurs, qui ne soit quelque part le nom puissant d’un dieu.»
      Borges, La Bibliothèque de Babel

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  3. Ils ont de la chance, les arbres:sans même demander leur avis, on peut, sans vergogne et sans paperasses administratives, les euthanasier lorsqu'ils sont malades (et celui-ci, pardonnez-moi, l'était, je puis vous l'assurer: je suis jardinier indépendant et déteste (voir refuse, chez mes clients) abattre des arbres inutilement). Certains se suicident: voilà quelques années, tous les ormes pleureurs de Belgique ont été touchés par une maladie dont personne ne parvînt à déceler l'origine. Il s'agissait, en fait, d'un champignon qui s'insinuait dans la sève de l'arbre et l'aurait tué petit à petit. L'arbre n'a trouvé d'autre solution que de reserrer puis étouffer les canaux transporteurs de sève. Ils ont fait la grève de la faim. 99% d'entre eux sont morts. Ceci dit, je comprends votre tristesse et la partage mais au vu de la dernière photo (la noirceur du coeur de l'arbre), je puis vous assurer que son décès était inéluctable, à brève échéance (peut-être deux ou trois ans, maximum. JCL

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    1. "Euthanasie, suicide". (Oui, ils ont de la chance et vous aussi, d'être jardinier). Ces "mots" peuvent paraître étranges pour parler des arbres. C'est la preuve qu'ils sont vivants et ont une âme. Ils nous ressemblent en fait : partie visible en surface, dans la lumière et partie invisible en sous-sol, dans l'obscurité. Dualité dans laquelle nous vivons, nous les humains.
      (et : coucou Fayçal. Toujours un plaisir de votre présence)

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    2. À JCL : Horreur ! Ainsi, son cœur était noir. On ne connaît pas les gens, il semblait bon comme du bon pain… ("Le suicide des ormes pleureurs", ça ferait un excellent titre.)

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  4. Je vous dirai que je connais personnellement un saule depuis qu'il est haut comme trois pommes et que je ne manque jamais de l'étreindre et de l'encourager (je l'ai vu récemment, il était un peu décati et jaune, je lui ai serré très fort une branche en l'exhortant à se reprendre).

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  5. J'ai compris la méthode. Demain je fais pareil à mon acacia.

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