[Hakuin Ekaku (1685-1768), Deux aveugles sur un pont]
[Après que l’auteur, à la suite de son texte, a longuement douté de la viabilité d’icelui, craignant qu’il ne soit perçu comme une “branlette métaformelle postroublarde” (p. 211) quand il espère communiquer à sa “lectrice” un sentiment vital pour lui, et s’avisant que son problème pourrait être résolu en interrogeant directement ladite “lectrice” :]
Avec cette solution, le truc c’est qu’il faut être honnête à 100%. C’est-à-dire plus seulement sincère, mais presque à nu. Pire qu’à nu — désarmé, plutôt. Sans défense. “Cette chose que je ressens, je ne saurais la nommer précisément mais elle me semble importante, est-ce que vous la ressentez aussi ?” — âmes sensibles s’abstenir. Déjà, elle se rapproche dangereusement de “Est-ce que vous m’aimez un peu ? S’il vous plaît dites que oui” alors que vous savez pertinemment que 99% des manipulations interhumaines et autres jeux de pouvoir à la con existent précisément à cause de la notion que ce genre de choses sans ambages sont tenues pour obscènes. C’est même l’un des tout derniers tabous interpersonnels que nous conservons, ce genre d’interrogations nues et obscènement directes. On les juge pathétiques et désespérées.
David Foster Wallace, Octet (1999)
in Brefs entretiens avec des hommes hideux (Au diable vauvert, 2005)
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