dimanche 8 novembre 2015

Aventures du thème


J’avais ce thème en tête depuis quelques jours, il m’asségiait comme toute bonne obsession ; c’était un thème d’Alkan, de cela j’étais sûr, mais je ne me souvenais plus dans quoi. Ce matin je me suis mis à sa recherche. J’ai d’abord pensé à la Symphonie pour piano seul, que je n’avais pas écoutée depuis longtemps. Son premier thème est magnifique, mais ce n’était pas celui qui avait pris ses aises dans mon crâne. J’ai passé en revue le Concerto (pour piano seul également, Alkan n’avait besoin de personne) sans y croire ; il n’y était pas non plus. Finalement je l’ai reconnu en feuilletant la Grande Sonate dite “Les Quatre Âges”. Dans le second mouvement, “30 ans : Quasi-Faust”, il apparaît ainsi pour la première fois : 




Mais il sonnait plus grave dans mon esprit, j’étais obsédé par une autre de ses apparitions. Alkan me facilitait la tâche en assignant à chacune d’entre elles un affect explicite. Si je n’étais pas candide, étais-je passionné ? 





Pas davantage (c'était vexant). Décidément, le thème tel que je l’entendais, tel qu’il m’enchantait, était plus grave. Ce qui me permettait d’écarter au premier coup d’œil : 





Ouf — je n’étais pas du genre implorant. Vous devinez la suite, évidemment, vous connaissez le romantisme comme votre poche. 




Or ce n’était toujours pas ça. J’approchais de la fin et le thème n’avait pas été joué une seule fois à nu dans les basses, comme une liturgie russe et comme mon esprit seul se le représentait : sa dernière incarnation, dans le texte, marquait l’heure d’un happy ending qui ne me concernait pas. Le thème s’était détaché de l’œuvre, d’une certaine façon, pour vivre sa vie dans ma mémoire. 





Mais — était-ce plus facile en 1850 ? — le sentiment qu'il porte est indéfinissable. 


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