mardi 17 novembre 2015

L'avant-dernière peur



Soir du 14 novembre. 



Même pas peur, ce sont les enfants qui parlent ainsi, et je ne suis hélas plus un gamin. Encore moins un enfant de la patrie, c’est-à-dire que techniquement je le suis, mais je ne me vois pas pour autant chanter La Marseillaise la main sur cœur, nonobstant la présence attestée de soldats féroces : ce serait grotesque. Or par ce sentiment (ouf, il était moins une) je rejoins la claironnante opinion commune : la vie continue — puisque j’ai encore peur du ridicule.



Courage et peur, deux pôles d'une même maladie consistant à accorder abusivement une signification et une gravité à la vie… C'est le manque d'amertume nonchalante qui des hommes fait des bêtes sectaires : les crimes les plus nuancés comme les plus grossiers sont perpétrés par ceux qui prennent les choses au sérieux. Le dilettante seul n'a pas le goût du sang, lui seul n'est pas un scélérat…  
Emil Cioran, "Les méfaits du courage et de la peur" in Précis de décomposition




3 commentaires:

  1. Faudrait-il donc tout
    - prendre par-dessus la jambe ou
    - prendre la poudre d'escampette
    ????

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  2. Que oui! J'ai toujours aimé la nonchalance (doublure de l'élégance) et le temps qu'on prend, les mains dans les poches... Les nonchalants m'ont toujours séduite...

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  3. On peut aussi relire Claude Simon.
    "Qu'un sang impur", ça non plus, je ne peux pas le dire, aucun sang n'est impur, sauf le mien peut-être qui est malade.

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