vendredi 22 août 2014

À l'écart des comédies





"Dès qu'il furent sortis, la gouvernante verrouilla la porte, s'en retourna vers le lit et souleva sans hésitation la culotte de Franziska. C'est bien ce qui lui avait semblé. L'odore di femmina, à savoir une odeur génitale, émanait de la fleur de son flux menstruel. 
Pour une Finlandaise aux cheveux, à l'uniforme et aux sentiments blancs comme neige, l'incident était aussi insignifiant qu'un saignement de nez. Elle prit les mesures prophylactiques qui s'imposaient. Car les peuples nordiques n'accordent guère d'importance aux phénomènes physiologiques comme celui-là. À sa place, une gouvernante cannoise, suspicieuse, aurait exercé une friction saphique sur la vulve tuméfiée, puis voyant s'ériger le clitoris par quelque mystérieuse activation des corpuscules de la volupté, aurait conclu à une réaction morbide due à la brusque interruption de la cérémonie des fiançailles. Mais elle, non. Hyperboréenne, elle venait du pays du pull-over et du ski, où les filles robustes vivent à l'écart des comédies de l'amour dans des cabanes en rondins sous un ciel couleur de zinc."

Juan Filloy (1894-2000), Op Oloop (1934)
(traduit de l'espagnol par Céleste Desoille, Monsieur Toussaint Louverture, 2011, p. 62)



2 commentaires:

  1. Op Ollop!
    C'est Deso(p)il(le)ant;-)
    Monsieur Toussaint Louverture est un éditeur intéressant. Merci pour la découverte.

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  2. Hein qu'il est chouette celui-là !

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