jeudi 18 septembre 2014

Des choses assez spéciales




[Alexandre Vialatte à Jean Paulhan, 
le 30 décembre 1927] 

J’ai fait la connaissance ici d’un régisseur lituanien, mahométan de naissance et bouddhiste d’adoption, qui brûle pour la chanson populaire polonaise comme c’est son droit le plus strict. Éventuellement vous intéresseriez-vous à des traductions de chansons populaires polonaises pour la N.R.F. ? Si oui je pourrais vous en envoyer des échantillons s’ils m’en paraissaient valoir la peine ; vous jugeriez alors de l’opportunité de la chose. Sinon dites-le-moi tout de suite, s’il vous plaît, pour m’éviter le travail inutile. 


[Paulhan à Vialatte, le 5 janvier 1928] 

Je n’ai aucune confiance dans les chansons polonaises. C’est une fin bien triste pour un mahométan. Pourtant, s’il y en a de bien, envoyez-les-moi. 


[Vialatte à Paulhan, le 8 janvier 1928] 

Croyez que j’apporte toute la méfiance voulue dans la question mahométane des chansons polonaises […] Ce serait des choses assez spéciales, paraît-il ; le pendant polonais de la chanson bretonne ou provençale. Le régisseur bouddhiste, curieux de folklore slave, affirme qu’on s’est trompé en localisant le mystère en Russie ; sa dernière citadelle, et la surprise à venir du siècle, serait la Pologne inconnue. Je veux bien, si ça se prouve. Je vous tiendrai au courant. 


[Il ne sera plus jamais question de chansons polonaises dans la suite de leur correspondance. Vialatte, qui a 26 ans, est en train de traduire La Métamorphose, que Paulhan trouve “tout à fait bien”. Gaston Gallimard, lui, a de sérieux doutes sur les chances de succès en France de ce Kafka.]



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