Poulenc, Sonate pour deux clarinettes, andante. Michel Portal, Maurice Gabai
coin de ma rue un soir
L’effarante
réalité des choses
est ma
découverte de tous les jours.
Chaque
chose est ce qu’elle est,
et il
est difficile d’expliquer combien cela me réjouit
et
combien cela me suffit.
[...
]
Sentir,
c’est être inattentif.
[...
]
La
beauté est le nom de quelque chose
qui
n’existe pas
et que
je donne aux choses en échange
du plaisir qu’elles me donnent.
[...
]
L’unique
signification intime des choses,
c’est
le fait qu’elles n’aient aucune
intime signification.
[...
]
Passe,
oiseau, passe, et apprends-moi à passer !
XLIX
Je
rentre à la maison, je ferme la fenêtre,
On
apporte la lampe, on me souhaite bonne nuit,
et
d’une voix contente je réponds bonne nuit.
Plût au
Ciel que ma vie fût toujours cette chose :
le jour
ensoleillé,
et suave de pluie,
ou bien
tempétueux comme
si le Monde allait finir,
la
soirée douce et les groupes
qui passent,
observés
avec intérêt
de la fenêtre,
le
dernier coup d’oeil amical
jeté sur les arbres en paix,
et
puis, fermée la fenêtre
et la lampe allumée,
sans
rien dire, sans penser
à rien, sans dormir,
sentir
la vie couler en moi
comme un fleuve en son lit,
et
au-dehors un grand silence
ainsi qu’un dieu qui dort.
[poèmes d'Alberto Caiero]