mercredi 29 octobre 2008

Je suis pareil


« Maintenant que les dernières pluies ont déserté le ciel pour s’établir sur terre — ciel limpide, terre humide et miroitante —, la clarté plus intense de la vie, qui avait suivi l’azur dans les hauteurs, pour s’égayer en bas de la fraîcheur des averses passées, a laissé un peu de son ciel dans les âmes, un peu de sa fraîcheur dans les coeurs. Nous sommes, bien malgré nous, esclaves de l’heure, de ses formes et de ses couleurs, humbles sujets du ciel et de la terre. Celui qui s’enfonce en lui-même, dédaigneux de tout ce qui l’entoure, celui-là même ne s’enfonce pas par les mêmes chemins selon qu’il pleut ou qu’il fait beau. D’obscures transmutations, que nous ne percevons peut-être qu’au plus intime des sentiments abstraits, peuvent s’opérer simplement parce qu’il pleut ou qu’il cesse de pleuvoir, être ressenties sans que nous les ressentions vraiment, parce que, sans bien sentir le temps, nous l’avons senti néanmoins. Chacun de nous est plusieurs à soi tout seul, est nombreux, est une prolifération de soi-mêmes. C’est pourquoi l’être qui dédaigne l’air ambiant n’est pas le même que celui qui le savoure ou qui en souffre. Il y a des gens d’espèces bien différentes dans la vaste colonie de notre être, qui pensent et sentent diversement. En ce moment même où j’écris (répit bien légitime dans une journée peu chargée de travail) ces quelques mots — ou impressions —, je suis tout à la fois celui qui les écrit, avec une attention soutenue, je suis celui qui se réjouit de n’avoir pas à travailler en cet instant, je suis aussi celui qui regarde et voit le ciel au-dehors (ciel d’ailleurs invisible de ma place), celui qui pense tout cela, et celui encore qui éprouve le bien-être de son corps et qui sent ses mains un peu froides. Et tout cet univers mien, des gens étrangers les uns aux autres, projette, telle une foule bigarrée mais compacte, une ombre unique [...] » 
(p. 381-382 - décembre 1932) 

« Chacun de nous a son propre alcool. Je trouve assez d’alcool dans le fait d’exister. Ivre de me sentir, j’erre et marche bien droit. Si c’est l’heure, je reviens à mon bureau, comme tout le monde. Si ce n’est pas l’heure encore, je vais jusqu’au fleuve pour regarder le fleuve, comme tout le monde. Je suis pareil. Et derrière tout cela, il y a mon ciel, où je me constelle en cachette et où je possède mon infini. » 
(p. 139 - juillet 1930)

Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité




mardi 28 octobre 2008

D'un quart de poil


« Sa curiosité le pousse quand même aussi à visiter le zoo de Berne où Émile se réjouit de voir enfin des singes, espèce qui n’a pas encore droit de séjour en Tchécoslovaquie. Mais les singes ont l’air méchants, aigris, amers, perpétuellement vexés d’avoir raté l’humanité d’un quart de poil. Ça les obsède à l’évidence, ils ne pensent qu’à ça. Ils seraient prêts à le faire payer. Ce n’est pas qu’Émile soit déçu de ce spectacle, mais ça ne lui remonte pas le moral. » 

Jean Echenoz, Courir, p. 109



vendredi 24 octobre 2008

Fuori della correttezza




“De quelles poussières s’agit-il ? Non pas des poussières cosmiques, pas celles de Kantor. Aujourd’hui quelques-uns seront vraiment déçus : je me réfère aux poussières des ménagères, aux surfaces de la maison.
 Regardons autour de nous, dans notre pièce de musiciens désordonnés et approchons-nous du piano, resté toujours ouvert.
 Nous remarquerons que sur les touches des extrémités, aussi bien sur le côté droit que sur le côté gauche, se dépose une couche visible de poussière, palpable.
 Il s’agit des touches qui attirent le plus les enfants au cours des premières approches en dehors du correct, lorsqu’on cherche les limites, les contours caractéristiques des objets, lorsqu’il est nécessaire encore, ou à nouveau, de délimiter le terrain de tout parcours possible.
En fait, on revient sur ces touches poussiéreuses à un âge avancé, par une inquiétude d’adulte […]” 

Salvatore Sciarrino


jeudi 23 octobre 2008

L’âme adore nager




« L’âme adore nager. Pour nager on s’étend sur le ventre. L’âme se déboîte et s’en va. Elle s’en va en nageant. (Si votre âme s’en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l’âme partira avec une démarche et une forme différentes, c’est ce que j’établirai plus tard.) 
On parle souvent de voler. Ce n’est pas ça. C’est nager qu’elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement. 
Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l’âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c’est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.
L’âme s’en va nager dans la cage de l’escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l’audace de l’homme, car toujours elle garde un fil d’elle à lui, et si ce fil rompait (il est parfois très ténu, mais c’est une force effroyable qu’il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui).
Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l’homme à l’âme s’écoulent des volumes et des volumes d’une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz ― jouissance sans fin.

C’est pourquoi le paresseux est si indécrottable. Il ne changera jamais. C’est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices. Car qu’est-ce qui est plus égoïste que la paresse ?
Elle a des fondements que l’orgueil n’a pas.
Mais les gens s’acharnent sur les paresseux.
Tandis qu’ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l’eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme. Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l’on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants. »
 

Henri Michaux, Mes propriétés


mardi 21 octobre 2008

Mû par un sûr instinct d’artiste




« […] le malheureux s’était trouvé dans la gêne, contraint d’exercer divers petits métiers comme ceux de répétiteur d’anglais dans une boîte privée, professeur de code dans une auto-école et, cette branche l’ayant retenu près de deux ans, photographe chargé de réaliser les clichés qui servent pour ces épreuves de code. Il sillonnait alors la région parisienne en voiture, repérait des carrefours, des chemins de terre, des stationnements interdits et autres panneaux de signalisation correspondant aux situations requises pour semer d’embûches le parcours du candidat. 
 Ensuite, il venait avec deux compères qui, au volant d’autres voitures, se plaçaient dans les positions qu’il leur indiquait, comme un metteur en scène, secondé par les gendarmes chargés de contenir la circulation le temps de la pose. C’était un travail délicat, consistant à reproduire sur des routes réelles, avec des voitures réelles, les cas de figure souvent très complexes prévus par les manitous du code de la route. On s’apercevait à la dernière minute que le panneau qui donnait son sens à l’image ou en constituait la difficulté n’était pas bien visible, qu’un des conducteurs avait laissé son clignotant allumé, fournissant un indice qui soit facilitait les choses à l’excès, soi les compliquait en soumettant à la perplexité du candidat un détail qui n’avait pas lieu d’être (sans compter que, dans le cas des clignotants, il fallait prendre la photo dans la bonne phase du clignotement). Homme bon et pitoyable, Monsieur Missier était cependant enclin au machiavélisme dans ce domaine, à ajouter des touches personnelles. “ S’il y a ce clignotant qui ne sert à rien, argumentait-il, c’est un teste pour l’intelligence du candidat, son réalisme. Il doit se rendre compte lui-même que c’est un faux indice. Vous savez aussi bien que moi que souvent des gens oublient leur clignotant alors qu’ils ont déjà tourné. Il faut s’habituer à la réalité de la route qui n’est pas toujours cohérente.” Cet homme pourtant plus idéaliste que tous ses employeurs réunis défendait contre leur conception figée, stellaire en quelque sorte, du code de la route, une vision âpre, vériste, boueuse, où les panneaux se voyaient mal, où les clignotants étaient oubliés, les feux dissimulés derrière des camions. Sans doute la foi dans un ordre caché le poussait-elle à en remettre sur l’apparence de désordre que nous offre le monde sublunaire. Un jour, pour son malheur, les gendarmes firent arrêter, le temps de prendre les clichés, un voiture au rétroviseur intérieur de laquelle était suspendu un énorme animal en peluche, tenant de l’ourson et du castor, vêtu d’une salopette. Cet ornement attira le regard de Monsieur Missier. Il demanda au conducteur s’il ne le gênait pas, à quoi l’autre répondit qu’au début si, beaucoup, mais qu’on s’y habituait. Emerveillé, Monsieur Missier réquisitionna la voiture, ce qui flatta beaucoup son propriétaire et, mû par un sûr instinct d’artiste, celui du cinéaste qui, sur le terrain, sait tirer parti de circonstances imprévues, intégrer l’aléa à sa vision personnelle, il prit les photos à travers le pare-brise dégoûtant, taché de cambouis, dont l’animal achevait de compromettre la transparence. On entrevoyait la route entre ses oreilles velues. Au développement, on jugea que la mesure était comble et Monsieur Missier fut licencié. »
 

Emmanuel Carrère, L’Amie du jaguar, p. 141-142



mercredi 15 octobre 2008

À travers l'erreur


Johann Peter Hebel, Kannitverstan (1811)





« L’être humain a probablement l’occasion tous les jours, à Emmendingen et Gundelfingen aussi bien qu’à Amsterdam, de faire des considérations sur le caractère éphémère des choses de ce monde, s’il le veut, et de se satisfaire de son destin, même si pour lui l’air n’est pas sillonné de pigeons tout rôtis. Mais c’est par le détour le plus curieux que, à travers l’erreur, un artisan allemand atteignit à Amsterdam la vérité, et en prit conscience. Car lorsqu’il fut arrivé dans cette grande et riche ville commerçante pleine de maisons magnifiques, de bateaux bercés par les vagues, et d’hommes affairés, il fut immédiatement frappé par une grande et belle maison comme il n’en avait encore vue aucune pendant tout son voyage de Duttlingen à Amsterdam.

Longuement, il contempla avec étonnement ce somptueux édifice, les six cheminées sur le toit, les beaux rebords et les hautes fenêtres, plus grandes que chez lui la porte de la maison de son père. Finalement, il ne put s’empêcher d’aborder un passant. “Cher ami”, lui dit-il, “ne pouvez-vous pas me dire comment s’appelle le monsieur à qui appartient cette maison merveilleuse, avec les fenêtres pleines de tulipes, de narcisses, de giroflées ?” Mais l’homme, qui probablement avait des choses plus importantes à faire, et qui par malheur entendait exactement autant à la langue allemande que le questionneur au néerlandais, c’est-à-dire rien du tout, répondit brièvement et d’un ton sec : “Kannitverstan” ; et passa son chemin. C’était un mot hollandais, ou trois, si l’on y regarde de plus près, et signifie en français : “Je ne comprends pas”. Mais notre brave étranger crut que c’était là le nom de l’homme qu’il avait voulu savoir. “Ce doit être un homme bien fortuné, ce monsieur Kannitverstan”, se dit-il en continuant son chemin. Ruelle après ruelle il arriva sur la baie qui s’appelle “Het Ey”, ou en français “l’i grec.” Là, il y avait bateau contre bateau, mât contre mât ; et au début, il ne savait pas comment, avec ses deux seuls yeux, il viendrait à bout, de voir et de contempler suffisamment toutes ces merveilles, jusqu’à ce qu’enfin un grand bateau, qui venait d’arriver des Indes Orientales et qu’on était justement en train de décharger attirât son attention. Déjà, des rangées entières de caisses et de ballots étaient entassés à terre les uns sur et à côté des autres. On en roulait encore plusieurs hors du bateau, et des tonneaux pleins de sucre et de café, pleins de riz et de poivre et, sauf respect, de crottes de souris. Mais lorsqu’il eut longtemps regardé, il demanda finalement à un individu, qui portait une caisse sur son épaule, comment s’appelait l’homme heureux à qui la mer amenait à terre toutes ces marchandises. La réponse : “Kannitverstan”.



Alors, il se dit : “Héhé, je comprends ! Ce n’est pas étonnant, celui à qui la mer apporte de telles richesses a beau jeu de planter dans le monde de telles maisons, avec de telles tulipes devant les fenêtres, dans des pots dorés.” Alors, il s’en retourna et se fit en lui-même des réflexions bien tristes, comme il était un pauvre homme parmi bien des gens riches dans le monde. Mais à l’instant même où il se disait : “Si seulement je pouvais avoir aussi, un jour, la vie aussi facile que ne l’a ce monsieur Kannitverstan”, il s’engagea dans une rue latérale et aperçut un grand cortège funèbre. Quatre chevaux revêtus de noir tiraient un corbillard également recouvert de noir, lentement et tristement, comme s’ils savaient qu’ils conduisaient un mort vers son repos. Suivait un long cortège d’amis et de connaissances du défunt, deux par deux, enveloppés dans des manteaux noirs, et muets. Au loin, on entendait une petite cloche solitaire. Alors l’étranger fut saisi d’un sentiment de nostalgie, comme l’est tout être bon lorsqu’il est en présence d’un mort, et, le chapeau à la main, il resta debout avec recueillement jusqu’à ce que tout le monde fût passé. Mais il aborda le dernier homme du cortège, qui justement calculait en silence combien de profit lui rapporterait son coton si le quintal augmentait de 10 gulden, il le retint doucement par son manteau et lui demanda candidement de l’excuser : “Ce doit assurément avoir été un de vos bons amis, dit-il, pour qui sonne le glas, puisque vous l’accompagnez d’un air si triste et si méditatif.” ― “ Kannitverstan !” lui fut-il répondu. Alors, quelques grosses larmes jaillirent des yeux de notre brave gars de Duttlingen, et subitement il eut le coeur lourd, puis à nouveau léger. “Pauvre Kannitverstan, s’écria-t-il, que te reste-t-il à présent de ta richesse ? La même chose que j’obtiendrai un jour dans ma pauvreté : un vêtement de mort et un linceul, et de toutes les belles fleurs peut-être un romarin sur la poitrine froide ou une fleur des champs.”




Plongé dans ces pensées, il accompagna le mort comme s’il faisait partie de la famille, jusqu’à la tombe, il vit descendre le prétendu monsieur Kannitverstan dans son lieu de repos, et fut plus ému par le discours funèbre hollandais, dont il ne comprit pas un mot, qu’il ne l’avait été par bien des discours allemands auxquels il n’avait pas fait attention. Enfin, le coeur léger, il repartit avec les autres, dévora avec appétit un morceau de Limbourg dans une auberge où l’on comprenait l’allemand, et lorsque plus tard il se sentait accablé en voyant que tant de gens dans le monde étaient tellement riches et lui si pauvre, il lui suffisait de penser à monsieur Kannitverstan à Amsterdam, à sa grande maison, son riche bateau, et à sa tombe étroite. »




mardi 14 octobre 2008

Trois histoires d'almanach






Le rêveur précautionneux

 

Une fois, un étranger passa la nuit dans la bourgade de Witlisbach, dans le canton de Berne ; et lorsqu’il voulut se mettre au lit et eut ôté jusqu’à sa chemise, il sortit d’abord de son baluchon une paire de pantoufles, les chaussa, les fit tenir avec des fixe-chaussettes et se coucha ainsi dans son lit. Alors un autre voyageur qui partageait sa chambre lui demanda : “Cher ami, pourquoi faites-vous cela ?” A quoi le premier répliqua : “C’est par prudence. Car j’ai une fois, en rêve, marché sur un éclat de verre. Et j’en ai ressenti, dans mon sommeil, de telles douleurs, que je ne voudrais plus, pour rien au monde, dormir pieds nus.”
 



Souvarov
 


L’être humain doit être capable de se maîtriser soi-même, sinon il n’est pas brave et respectable, et ce qu’il a une fois pour toutes reconnu comme juste, il doit aussi le faire, et non une fois pour toutes, mais toujours. Le général russe Souvarov, que les Turcs et les Polonais, les Suisses et les Italiens connaissent bien, avait le commandement sévère et rigoureux. Mais ce qu’il y avait de plus remarquable, il se plaçait sous son propre commandement, comme s’il était un autre et non Souvarov lui-même, et très souvent ses adjudants devaient lui donner l’ordre de faire ceci ou cela en son propre nom, ce qu’il exécutait alors ponctuellement. Un jour, il était en rage contre un soldat qui avait négligé quelque chose dans son service et commençait déjà à le frapper. Alors un adjudant rassembla son courage et, pensant rendre un bon service au général et au soldat, il s’approcha en courant et dit : “Le général Souvarov a ordonné qu’il ne fallait jamais se laisser dominer par la colère”. Immédiatement Souvarov céda et dit : “Si le général l’a ordonné, il faut obéir”.

 



Gratitude

 


Pendant la bataille de Trafalgar, alors que les balles sifflaient et que les mâts craquaient, un matelot trouva encore le temps de se gratter où cela le démangeait, c’est-à-dire à la tête. Soudain, joignant le pouce et l’index, il glissa l’index et le pouce réunis le long d’un cheveu et fit tomber au sol une pauvre petite bête qu’il avait faite prisonnière. Mais comme il se baissait pour lui donner le coup de grâce, un boulet de canon ennemi lui frôla le dos, ― paf ! ― dans le navire d’à côté. Alors le matelot fut saisi d’un sentiment de gratitude et, convaincu qu’il aurait été écrasé par ce boulet s’il ne s’était pas penché vers la petite bête, il la ramassa délicatement au sol et la replaça sur sa tête. “Parce que tu m’as sauvé la vie”, dit-il, “mais ne te laisse pas attraper une seconde fois, car je ne te connaîtrai plus”.
 

Johann Peter Hebel (1760-1826), L’Ecrin de l’ami rhénan (1811)


jeudi 9 octobre 2008

Ne ton cuir, ne ton jouis



"― Compaing, tu es libre et par fois, je t’envie. Quand le vin me monte. Mais le moyen d’en trouver en tous lieux ? d’avoir cheminée et rosty assuré ? vie certaine, les ans devant soi ? Tu es un grillon ! L’été tu crèves, l’hiver tu gèles, sec et noir comme un écouvillon, et froid au cul quand bise vente.
Et moy, tastant le vin derechef, je respondais :
― Ne sais-tu pas que ja deux fois dans le mesme fleuve on ne se trempe ? De ce que tu possèdes, qu’en as-tu sinon au mieux l’usufruict ? Que crois-tu emporter l’heure dite et venue ? masure et tonneaux ? A peine tes guietres mon beau, ton souris si la camarde te l’abandonne. Ne ton cuir, ne ton jouis. L’homme ne tient rien qui ne file et s’ensauve, pas mesme son temps." 

 

Céline Minard, Bastard Battle (2008)



samedi 4 octobre 2008

Un beau jour ceci





imagine si ceci

un jour ceci
un beau jour

imagine

si un jour

un beau jour ceci

cessait

imagine



Samuel Beckett, Mirlitonnades (1976-1978)