L’automne vint dans la nuit du cinq août,
Probablement avec les premières clartés du matin,
À l’heure où le ciel se couvre de sel
Et bascule dans un infranchissable présent
En marge du sommeil.
Sur ces courts espaces sans illusion,
Plus anciens que le petit jour de n’importe quel été
Où l’ont pouvait penser qu’allaient cesser les va-et-vient
Et qu’il a pourtant fallu mettre tant d’années à situer
Comme le moment précis où la rivière est
vraiment
rivière,
Le temps n’a rien modifié — au contraire —
Sinon ravivé dans les veines indifférentes
Le ressac des premières discordances.
[...]
Très
vieux spectacle encore intelligible
Et
cependant si nouveau en quelque sorte.
Et là cependant, là il faut bien
reconnaître
que le temps n’aura rien usé.
Tout est au contraire toujours
terriblement
intact.
Qui viendrait parler de se souvenir ?
Puisque c’est ici, non ailleurs ;
Maintenant et ainsi,
Ni avant ni jamais autrement. Par
exemple
un matin de septembre...
Mais le temps n’est pas la question.
Emmanuel Hocquard, Les Élégies (1990)
Élégie 1, I
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