Arcueil, le 14 du mois d'avril
1899
Monsieur Pouillot,
Pourquoi nous attaquer à Dieu lui-même ? Il est aussi
malheureux que nous pouvons l'être ; depuis la mort de son pauvre fils, il n'a
de goût à rien, mange du bout des dents.
Bien qu'il l'ait assis à sa bonne vieille droite, il est
encore tout épaté que les hommes aient pu lui faire un aussi mauvais coup
vis-à-vis de celui qu'il chérissait ; et il n'a de temps que pour murmurer,
dans le mode le plus triste : cela n'est pas honnnête !
Je doute qu'il envoie en ce monde, même un de ses neveux :
les hommes l'ont dégoûté de faire voyager sa famille.
Laissons-le donc tranquille, mes amis ; prions-le
sincèrement, comme nous devons le faire, du reste.
C'est moi, Saint Erik d'Arcueil, Parcier et Martyr,
qui vous le dis.
[Lettre
à son frère Conrad Satie]
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