dimanche 8 février 2015

Une affaire personnelle






J’ai demandé à naître, et je le demande encore, mais simplement pour faire la preuve de ma vitalité. J’ai demandé qu’on me laisse la tranquillité de faire le point sur le temps qu’il fait, de me faire une idée sur les rayons du soleil, le jour à travers les volets, les bruits nocturnes, (…) 
Mais cette sorte de voyage organisé [développer] à travers (…), je n’ai pas demandé cela. 
[p. 71] 

Délinquant assez juvénile, envoyé plutôt spécial : au fond, j’ai toujours cru que les raisons de ma présence sur terre n’étaient qu’une enveloppe à ouvrir au dernier moment. 
[p. 99] 

Un écrivain, c’est quelqu’un qui fait de la littérature une affaire personnelle. 
[p. 104] 

J’ai vingt-cinq ans, j’écris ce livre, et j’ai cet âge une fois pour toutes. Cela fait vingt-cinq ans que je l’ai, et j’espère bien l’avoir encore pendant vingt-cinq ans au moins, et même plus d’ailleurs si mon corps s’aligne sur les statistiques — ce que je suis tout de même en droit d’attendre de lui, me faisant déjà assez remarquer comme ça. J’ai mis longtemps à avoir l’âge que j’avais secrètement, je garderai longtemps secrètement cet âge. 
[p. 110] 

Frédéric Berthet, Journal de Trêve [1979-1982] (2006, posthume)



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