lundi 7 décembre 2015

Paradise lost




Hier soir.



Je me souviens, enfant, c’était la fin des années 70, des réunions de section du PCF où me traînaient mes parents, mais j’aimais ça, un petit local qui donnait sur la place de la mairie de Berre l’Étang, alors communiste également, et ce depuis 1945. Tout est plus ou moins marron avec des touches d’orange comme le veut l’époque, orange sans doute était le Tupperware qu’apportait ma mère, poivrons à l’ail ou tramousses, ces réunions de section coïncidant la plupart du temps avec l’heure de l’apéro, autant joindre la révolution à l’agréable. Je n’ai aucun souvenir de ce qu’il s’y disait, seulement d’une atmosphère de camaraderie, d’hommes en blouson de cuir refaisant le monde, tout le monde clopait, des vapeurs grisantes de la ronéo qu’on m’autorisait à faire tourner à l’heure des tracts — rétrospectivement je me représente mon père, qui était quelqu’un d’important dans la cellule, comme un genre de héros prolétaire, une version moustachue de Richard Berry dans Une chambre en ville. Je me souviens de ces petits soirs du Grand Soir, doucement fiévreux, quand il y avait des élections, ils y croyaient, qu’assoupi dans les bras de ma mère sur le trottoir devant le local pendant que mon père tirait le rideau de fer je m’endormais avec confiance sitôt posé sur le siège arrière de la R18 Break : j’étais entre de bonnes mains.



4 commentaires:

  1. Et "hier soir" le ciel était entre de "mauvaises mains" chez vous si j'en crois sa couleur (j'enlève le rouge).

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  2. Ils y croyaient, on y croyait, j'y ai cru, je n'aurais jamais cru....
    Il manque dans votre ciel "le vol noir des corbeaux"....

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    1. C'est que nous avons plutôt des mouettes, par ici… Et si nous sommes plutôt dans la merde, leur guano n'y est pour rien. ;-)

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    2. Et vous le savez mieux que moi, ce ne sont pas des mouettes rieuses.

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