dimanche 17 novembre 2013
Un moyen infaillible
"Pourquoi le nierais-je ? Il n’y a pas grand sens à parler de ma “part littéraire”, car je ne fais pas de différence entre cette part et les autres, elle joue 1 si grand rôle dans ma vie que la masquer serait non seulement trahir ma personne mais encore ma conception même de l’art. Si je voulais résumer en 1 formule le rôle que la Littérature a joué dans ma vie, je dirais que mes lectures ont été plus déterminantes que mes expériences. Dès ma plus tendre enfance j’ai vu le monde à travers les livres et je me suis rapproché des clercs (parfois morts, souvent vivants) pour lesquels cet axiome avait la même valeur ; j’ai vu ma sensibilité initiale, déjà vive, mutlipliée à l’infini par cet aliment insatiable, j’ai senti dans la lecture puis dans l’écriture le moyen infaillible de démultiplier, d’intensifier la vie. Intact aux drogues et dérivatifs que la plupart des gens se trouvent dans l’obligation d’absorber pour fuir les conditions qui leur sont faites, j’ai voué 1 culte immédiat au Verbe, dieu unique se présentant sous 1 double nature (lire/écrire). Dès le départ (qui signifie aussi : séparation), j’ai senti ma différence d’avec les autres hommes, ceux pour qui le réel, se suffisant à lui-même, procurait des satisfactions auxquelles je ne pouvais adhérer sans malentendu. Certes, pour écrire, il faut désacraliser la littérature, mais comme il faut l’avoir sacralisée pour devenir écrivain !"
Thomas Clerc, Intérieur (2013), p. 253
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