"[...] pourquoi l’artiste ne peut-il rien faire d’autre ? est une
question que je me pose en permanence. Il ne peut pas : fort bien ! Mais Scott
pouvait. Et Montaigne. Et Jules César. Et beaucoup d’autres. Pourquoi R.L.S. ne
peut-il pas ? Cela ne te sidère-t-il pas ? Moi, si. Je pense aux types de la
Renaissance, à leur humanité universelle, et je la compare à l’indescriptible
petitesse du champ dans lequel nous déployons nos efforts, pour des résultats
bien modestes. Je trouve que David Balfour est un beau petit livre, très artistique, parfait pour
meubler les loisirs d’un homme occupé ; mais comme couronnement d’une vie
d’homme, cela me semble insuffisant. Petit, c’est le mot ; c’est une petite
époque, et j’en fais partie. J’aurais pu espérer avoir d’autres occupations
dans ce monde. J’aurais dû être capable d’édifier des phares et d’écrire des David Balfour aussi. Hinc illae lacrymae. Je prends mon
propre cas par commodité, mais c’est une illustration de mon désaccord avec
l’époque. Nous faisons tant d’efforts, et nous ne faisons pas aussi bien que
Michel-Ange ou Léonard, ou même Fielding, qui était un magistrat actif, ou
Richardson, qui était un libraire occupé. J’ai honte pour nous ; j’ai les oreilles qui sifflent."
Stevenson à W.H. Low, 15 janvier 1894
"Je me trouve dans cet état où un homme se demande comment on
peut être assez bête pour embrasser la profession d'homme de lettres au lieu de
devenir apprenti barbier, ou de tenir un étalage de patates au four."
Le même
à Henry James, 7 juillet 1894
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