Erik Satie, Première Gnossienne. (Version maison, live 2007)
Danseuses javanaises, exposition universelle, Paris, 1889.
vendredi [23 août 1918]
Chère Valentine.
Je souffre trop. Il me semble que je suis maudit.
Cette vie de “mendigot” me répugne.
Je cherche & voudrais trouver une place ― un emploi, quelque minime qu’il soit.
J’emmerde l’Art ; je lui dois trop de “rasoireries”.
C’est un métier de “con” ― si j’ose dire, que celui d’artiste.
Pardonnez-moi, chère Amie, ces justes expressions ― très justes.
J’écris à tous. Personne ne me répond, même un mot amical.
Zut !
Vous, ma chère Amie, qui avez toujours été bonne pour votre vieil ami, voyez donc, je vous supplie, s’il ne serait pas possible de le placer dans un lieu où il gagnerait son pain ?
N’importe où. Les besognes les plus basses ne me répugneraient pas, je vous le certifie.
Voyez au plus vite : je suis à bout & ne puis attendre.
L’Art ? Voici un mois & plus que je n’ai pu écrire une note.
Je n’ai plus aucune idée, ni n’en veux avoir. Alors ?
Votre vieux camarade : Erik Satie
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