jeudi 15 août 2013
Misérable
On est à table, au dessert. L'enfant guigne le compotier aux gâteaux, tend sa petite main. Baudelaire a pris un gâteau qu'il présente, à distance.
« — Oui, mais tu vas dire : Je suis un gourmand !
— Je suis un gourmand — et le petit bras s'allonge.
— Pas encore ! Dis : Je suis un misérable gourmand ! »
Ce mauvais jeu ne me va pas du tout : et le regard de la mère, donc ! Énervé, j'ai saisi et donné au petit le gâteau, avant que Baudelaire ait arrêté mon bras, me disant très grave, en reproche :
« Mais nous pouvions en obtenir davantage... »
Félix Nadar, Baudelaire intime (1911)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire