dimanche 20 juillet 2014
Tendre l'arc
Hymne à Apollon par ATHÈNAIOS, fils d’Athènaios, vers 138 avant J.C. (d'après une dalle de marbre découverte en mai 1893 dans les ruines du Trésor des Athéniens à Delphes)
« Les idées musicales jaillissaient. Le démon s’empara de moi, le fait inexplicable de s’abandonner à la déraison des images : penser que ce chant enfoui était un trésor qui ne devait pas être perdu. Un accès de fureur, le besoin de contrer par des actes la mort que nous portons dans notre cœur, de donner un sens factice aux souffrances et un but à l’histoire sanglante. Renouer comme un enfant l’amitié avec les étoiles. Penser à la forêt comme s’il n’y avait pas de bûcherons et pas d’hiver durant lequel les bûches se transforment en cendres dans le fourneau. Oublier que le chat attrape la souris, que les harengs sont embrochés comme appâts sur les hameçons, afin que les morues les avalent et qu’un fer recourbé déchire leur gorge. Excuser l’inévitable et l’incompréhensible, parce que notre accusation se perdrait sans être entendue. Encore une fois tendre l’arc de notre chair et y placer une flèche qui s’envole et disparaît de notre vue, — comme si elle avait atteint l’infini. »
Hans Henny Jahnn, Les Cahiers de Gustav Anias Horn,
tome II, p. 297
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