dimanche 28 septembre 2014
Sept coulées de lave ardente
[Truman Capote à Robert Linscott, mai 1947]
J'ai repris mon roman, et c'est vraiment tout ce que j'aime, et je viens d'en écrire deux pages, et oh ! Bob, je veux que ce livre soit très beau, parce qu'il me paraît essentiel, aujourd'hui plus que jamais, qu'un écrivain cherche à très bien écrire, le monde a perdu la tête, l'art seul est sain d'esprit, et une fois dispersées, une à une, les ruines des anciennes civilisations, la preuve est faite qu'il ne demeure que les poèmes, les tableaux, les sculptures et les livres.
[du même au même, Taormina, 2 décembre 1950]
L'Etna s'est réveillé la semaine dernière — catastrophe qui se prolonge : chaque jour une nouvelle éruption. Je l'aperçois en ce moment de l'endroit où je suis assis — sept coulées de lave ardente s'échappent du cratère, vision terrifiante mais d'une incroyable beauté, surtout la nuit.
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C'est touchant... Dada !
RépondreSupprimerAh ! Je pensais à toi justement...en lisant ces lettres : Capote passe trois mois à Tanger, fin 1949. "Comme c'est une ville internationale, on y trouve les gens les plus équivoques. Des gens extraordinaires. Je n'ai jamais vécu dans un endroit plus excitant." Mais aussi : "La cuisine, ici, est abominable. Tout a le goût d'une sucrerie qu'on aurait fait frire dans de l'huile d'olive." Mais encore : "La musique arabe m'enchante. Abu Muhud a remplacé Billie Holyday dans mon coeur."
RépondreSupprimerFayçal ! Fayçal ! Fayçal !
RépondreSupprimer(Messieurs, si vous trouvez un lien pour avoir une idée de ce que donne Abu Muhud pour changer de Billie Holyday, je suis preneur ! )
(Front-Soi ! T'avais pas vu ! Abrazos abrazos abrazos !)
Supprimer(Abu Muhud ? Ça existe ? Pas arabe, plutôt orientaliste)
Le délicat Truman était bien souvent pris de panique - me confia un jour l'un de ses amis tangérois, Emilio Sanz de Soto - dès qu'il fallait mettre un pied dans la rue... marocaine. Burroughs, de son côté, n'est jamais sorti de son trip : l'Interzone. Gysin, Bowles, eux, ont connu ce pays, sa langue, ses dialectes, ses terres, ses gens. (Gysin est parti en pleurs, disant avoir « connu, en vie, un rêve inouï ». Bowles n'a jamais quitté la ville). Cela dit : tous rêveurs, tous enfants. :) Saludos amigo
RépondreSupprimerSi l'on en croit Truman, c'était surtout son boy-friend Jack qui "mourait de peur" en se promenant seul dans les rues de cette "ville de va-nu-pieds". Il vivait "sur La Montagne, à l'hôtel El Fahrar", en compagnie (outre Jack) de deux perroquets et d'une gazelle "rapportée d'une expédition dans l'Atlas" qu'il avait baptisée Woody. Il avait 25 ans...
SupprimerQuant à Abu Muhud, le mystère reste entier.
(Abrazos !)
Fayçal! Fayçal! Fayçal!... Fayçal!
RépondreSupprimerFront-Soi (0_0)!
Didier da : lire vos textes en prenant mon ptit dej. c'est rajouter du miel dans mon thé! (Belle photo... et celle de Guibert est sublime).
(Tanger : j'ai dormi dans une vieille voiture sur le terrain de camping en... 1965!!!!)